Vous aves tous sans
dout vu le célèbre film “Cyrano De Bergerac”. Si non, vous aves
beaucoup raté. Franchement ce film a produit beaucoup d’effet sur moi.
Non seulement j’ai apprécié le jeu des acteurs (G.Depardieu et
Anne Brochette particulièrement), mais j’ai été plus que
choquée par la poésie. A mon grand regret (et honte aussi) je ne
connaissais pas encore le génie du théatre français -
Edmond Rostand. Le film m’a tellement plu, que je l’ai revu plusieurs fois et
de plus en plus j’admirais les vers splendides. Ca m’a poussé à
relire à plusieurs reprises “Cyrano De Bergerac”. Voilà pourquoi
j’écris cet exposé sur Rostand avec un certain plaisir, car grace
à ça je relis encore et encore les lines que j’aime
passionnément.
La biographie d’Edmond Rostand.
Edmond Rostand est
né à Marseille le 1-er avril 1868. D’abord Edmond a fait ses
études dans sa ville natale. Son père l’a envoyé dans une
institution privée qui enseignait les rudiments aux fils de la
bourgeoisie marseillaise, mais quand il s’agit de l’initier plus
sérieusement à ce qu’on appelait encore l’humanité,
M.Eugène Rostand a envoyé son fils suivre, en qualité
d’externe, les classes du lycée de Marseille. C’était en octobre
1878, et cela constituait un acte d’indépendance vis-à-vis de son
milieu ou les enfants étaient d’ordinaire confiés à des
institutions religieuses.
Pour se rendre dans
le lycée Rostand devait prendre la rue Moustie, et passer ainsi devant
le buste d’Homère, dans son décor de petite ville grecque.
Au-delà, c’était la rue de Rome, évocatrice de l’Italie
antique et moderne, puis la place Saint-Ferréol avec ses marchés
de fleurs. Ainsi, de sa dixième à sa dix-septième
année, Edmond Rostand s’imrégnait de façon inconsciente de
l’atmosphère qui devait par la suite nourrir sa poésie. Il
prenait à Marseille le gout de la civilisation grecque.
En meme temps il
faisait très bien ses études: il a eu plusieurs mentions
exellentes et se classait parmi les meilleurs étudiants.
Son oncle Alexis
lui avait offert un guignol quand il eut douze ans, avec un répertoire
de petites comédies. Il les interpétait devant ses camarades ou
devant les domestiques.
En octobre 1884,
à seize ans, Rostand entre au collège Stanislas, à Paris. Le
changement d’atmosphère a du etre pénible, mais le nouveau venu
allait s’imposer au respect de tous en affirmant sa jeune maitrise
intellectuelle, en se classant parmi les premiers de sa classe.
Son père
voulait qu’il continue ses études, devienne juriste après, mais
son espoir fut ruiné. Rostand affirmait qu’il voulait devenir
poète. M.Eugène Rostand écrivait aussi, mais faisait
ça en amateur, il ne pensait pas que la poésie puisse nourrir une
famille, alors il continua d’insister. Le fils et le père à la
fin trouverent un compromis. Rostand continua ses études, mais plus que
la faculté il fréquenta le théatre. Pour ce temps, comme
poète, il avait déjà une vocation solide.
Edmond Rostand a
épousé le 8 avril 1890, à Paris Rosemonde Gérard.
Rosemonde était une femme lettrée, intelligente, spirituelle.
Elle écrivait, comme son mari, les vers en démontrant une
maitrise parfaite de la langue et un certain talant. Si elle n’avait pas
épousé Edmond, elle avait été surement connue et
célèbre; la gloire de son mari a éclipsé sa propre
réputation. Mais elle paraissait ne pas souffrir de son amour-propre
d’auteur, au contraire, elle semblait toute dévouée à
l’art et à la gloire d’Edmond. On dit que Rostand après avoir
écrit ses pièces commençait à les détester,
il voulait les voir plus parfaites. Sa femme en voyant qu’il allait jeter au
feu ses travaux, l’a supplié de les garder dans le fond d’un tiroir.
Ainsi furent sauvées les oeuvres telles que “Cyrano…” Si ce qu’on
raconte est vrai, je dis à Mme. Rostand un grand merci de tout mon
coeur.
La formation littéraire de Rostand.
En grandissant
Edmond Rostand portait déjà plus haut ses reves de
théatre: il voulait écrire une pièce héroique et
une comédie sentimentale.
Il a adoré
“Les Trois Mousquetaires”: après les avoir lus pour la première
fois il s’est écrié: “Je les mettrais tous dans une
pièce!”
Edmond amait etre
élégant. Il revait de s’habiller dans des habits de toutes les
couleurs. “Un habit rose?” - demandait ironiquement son camarade. “Rose? Non!”-
répondit vivement Rostand. - “Le rose est tendre, féminin. Pour
un homme il manque de panache.” Et c’est pour la première fois que son
ami lui entendit prononcer ce mot. Nous allons entendre ce mot plus tard dans
“Cyrano”, en qu’il a mit une partie de son ame.
Une chose distingue
le jeune poète des autres écrivains de son temps: il ne faisait
pas partie des cercles littéraires. A mon avis, ça a joué
un role assez important sur sa formation: il restait unique, ne se laissant pas
tomber sous l’influence des autres.
En l’année
1890, Edmond Rostand a publié à compte d’auteur “Les Musardises”.
A vrai dire, ces débuts étaient ceux d’un tout jeune
poète, fidèle à la technique traditionnelle et qui n’avait
pas l’ambition d’éveiller bruyamment l’attention par une manifestation révolutionnaire.
Mais on voyait déjà que l’avenir de Rostand était non les
vers, mais le théatre. Il avouait: “Ma tete est faite ainsi, que tout me
semble etre sous une forme d’un drame, mais un drame en vers.”
En 1891 Edmond
Rostand présente à la Comédie-Française, qui le
refuse un acte en vers: “Les Deux Pierrots”. Les critiques n’ont vu en Rostand
qu’un épigone du romantisme, mais on peut apercevoir maintenant toutes
les qualités de son oeuvre: l’esprit, la fantaisie, le gout du jeu de
mots, l’amusement de la rime riche, le mélange des larmes et du rire.
En 1893 Edmond
présente à la Comédie-Française “Les Romanesques”.
Le comité a bien voulu accepter la pièce à condition que
sa durée ne dépasse pas une heure de lecture. La pièce fut
jouée le 21 mai 1894. Dans cette comédie de trois actes, Rostand
donnait un effort déjà nettement supérieur à celui
de son petit acte des “Deux Pierrots”. Il a multiplié les personnages,
assignait à chacun un role symbolique, présentait une conception
de la vie déjà plus profonde que ne le comporte un tel genre.
L’accueil du public
fut très vif, la presse excellente; l’Académie française
accorda à Rostand le prix Toirac et, pour couronner ce bonheur, le
poète, qui avait vu naitre à son foyer un fils appelé
Mauris le 27 mai 1891, avait la joie d’en voir le second le 30 octobre 1894,
qu’il appelait Jean.
Après la
mise en scène de “Les Romanesques”, Rostand présente sa nouvelle
pièce “Princesse Lointaine” qui fut interprétée par des
acteurs très connus de ce temps. Mais malgré cela le public n’a
pas du tout apprécié le travail de Rostand; il perd 200 mille
francs. Il commence à s’isoler de plus en plus, ne voit plus personne,
mais continue à travailler beaucoup. Le résultat: il
présente en 1897 une autre pièce “La Samaritaine”. Cette fois
Edmond a eu plus de succès, ça lui permet de reprendre confiance
en lui et à régler sa situation financière.
Voilà
comment, dans un travail acharné, un jeune garçon talentueux,
s’est transformé peu à peu en un grand poète, devenu
capable maintenant d’écrire les oeuvres qui fascineront plusieurs
générations.
Cyrano de Bergerac.
L'idée
d'écrire une pièce héroique est venue à Rostand
quand il était encore un jeune garçon, on a déjà
parlé de son ame de mousquetaire, qui était pleine de panache,
mais ce qu'on ne sait pas encore, ce qu'il a vécu lui-meme quelques
scènes, qu'il mettra après dans son oeuvre. Il sera peut-etre
intéressant de se souvenir de quelques-unes pour mieux comprendre qui
était réellement Rostand dans son ame et de quelles sources il s'inspirait
en écrivant “Cyrano”.
Edmon, encore
à l’age de 15 ans, passait ses vacances à la campagne. Il
prétendit détourner une cascade que le curé avait
aménagé dans son jardin pour faire payer le droit d’entrer. Comme
le pretre reprochait aux enfants de le priver des bénéfices qui
allaient aux pauvres, Rostand sortit sa bourse, qui contenait 25 francs, la lui
lança en disant:“Attrapez cette bourse au vol et taisez-vous!” Le
poète s’en souviendra surement en écrivant sa pièce.
Il est
arrivé à Edmond à jouer le role de Cyrano dans sa vie: un
jour il rencontra son ami, qui amait une fille et lui écrivait des
lettres d’amour longues et ennuyeuses. La fille s’éloignait de lui de
plus en plus. Alors Rostand a proposé à son ami d’écrir
des lettres à sa place: la jeune fille leur trouva un accent nouveau et,
s’attendrissant, elle consentit enfin au mariage. Le père du jeune homme
confia un soir à Rostand: “J’ai lu une lettre que mon fils
écrivait à cette jeune fille… J’aurais voulu la montrer, c’est un
bijou!”
L’image de Cyrano
n’est pas pris de l’imagination d’Edmond. L’auteur se basait sur des faits
réels et sur un homme réel. Le prototype de Cyrano de Bergerac
fut Cavinien de Cyrano (1619-1655). Entre les deux Cyrano il y a beaucoup de
commun: le caractère, l’amour de la poésie, pour la
liberté; tous les deux se sont battus contre cent tueurs à gage;
tous les deux ont chassé l’acteur Montfleury de la scène… Mais il
y a aussi des différences: le vrai Cyrano n’était pas Gascon,
mais Parisien, il n’a jamais aimé sa cousine, qui était
très laide.
Maintenant qu’on a
pris plus près connaissance des sources de “Cyrano”, passons à sa
mis-en-scène. La première devait avoir lieu le 27 décemdre
1897. A la veille les acteurs et Rostand, particulièrement, étaient
très nerveux. Ils connaissaient déjà la défaite
avec “La Princesse Lointaine”, les pronostiques était
décourageantes. Mais tout se déroula pour le mieux: le public a
applaudi les scènes telles que: “Non, merci!”, “Le duel”, “Le baiser de
Roxane”. A la fin on criait le nom de Rostand, on applaudissait, bref, ce fut
un succès total.
Entrons maintenant
dans le monde merveilleux de “Cyrano”. Ecoutez les vers de Rostand: c’est de la
musique; tantot son flot est doux et agréable, tantot fort et pressant,
mais importe l’apparence qu’il prend – il vous touchera au plus profond de
votre ame, parce que nous revons tous d’avoir quelque chose de commun avec
Cyrano, nous voudrions tous avoir un peu de sa liberté et de son…
panache.
Le sujet de
“Cyrano” est très simple: le héros principal tombe amoureux de sa
cousine, qui elle, à son tour, aime le jeune, mais banal cadet
Christian. Cyrano est laid, mais il a du talent; il peut écrire de beaux
vers; Christian est sot, mais il est beau. Les deux hommes font un pacte et
forment un seul personnage qui réunit toutes les qualités
nécessaires pour séduir Roxane. Grace à Cyrano Roxane
accorde un baiser à Christiane; le héros résumera sa vie
en une seule phrase:
Vous souvient-il du
soir où Christian vous parla
Sous le balcon? Et
bien! toute ma vie est là:
Pendant que je
restais en bas, dans l’ombre noire,
D’autres montaient
cueillir le baiser de la gloire!
Les deux hommes
sont appelés à la guerre et Christian est tué dans un
combat. Roxane trouvera sur lui la lettre, écrite pour elle par Cyrano,
mais elle continue toujours à croire, que c’est l’oeuvre de Christian:
Roxane, adieu, je
vais mourir!
C’est pour ce soir,
je crois, ma bien-aimée!
J’ai l’ame lourde
encore d’amour inexprimée,
Et je meurs! Jamais
plus, jamais mes yeux grisés,
Mes regards dont
c’était les frémissantes fetes,
Ne baiseront au vol
les gestes que vous faites:
J’en revois un
petit qui vous est familier
Pour toucher votre
front, et je voudrais crier…
Et je crie: Adieu! Ma chère, ma chérie,
Mon trésor, mon amour…
Mon coeur ne vous quitta jamais une seconde,
Et je suis et je serai jusque dans l’autre monde
Celui qui vous aima sans mesure, celui…
Roxane va au couvent. Elle reste fidèle
à Christian pendant plusieurs années. Cyrano lui rend des visites
tous les samedis. Mais un soir il est grièvement blessé dans un
attentat; pour la dernière fois il vient voir Roxane, lui lit la fameuse
lettre et la femme comprend tout:
Comment pouvez-vous lire à présent? Il
fait nuit.
Et pendant trois ans, il a joué ce role
D’étre le vieil ami qui vient pour etre drole!…
Les lettres, c’était vous… Les mots chers et
fous,
C’étqit vous… La vois dans la nuit,
c’était vous.
L’ame, c’était la votre!
Roxane promet à Cyrano de l’aimer, mais il est
trop tard: la blessure est mortelle, Cyrano de Bergerac meurt.
Le succès de cette pièce est du aussi
à la beauté, avec laquelle Cyrano chante l’amour. Et justement de
nos jours l’amour chez Rostand est un coin de paradis, où on a le droit
seulement de jeter un coup d’oeil pour admirer toute sa splendeur et son charme
et pour ensuite retomber dans la réalité qui est parfois sale et
laide. C’est pour ça que j’ai du mal parfois de se détacher des
vers de Rostand.
On peut parler beaucoup de Cyrano, le critiquer,
analyser ses gestes, mais ça ne servirait à rien. La plus utile
des choses est de relire l’oeuvre de Rostand. Edmond a créé dans
un sens ce que je n’hésiterais pas à appeler “la vraie
poésie”.
LE BRET
Si tu laissais un peu ton ame de mousquetaire,
La fortune et la gloire…
CYRANO
Et que faudrait-il faire?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscure qui circonvient un tronc
Et s’en fait un tuteur en lui léchant
l’écorce,
Grimper par ruse au lieu de s’élever par force?
Non, merci! Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers? Se changer en bouffon
Dans l’espoir vil de voir, aux lèvres d’un
ministre,
Naitre un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre?
Non, merci… Ne découvrir du talent qu’aux
mazettes?
Etre terrorisé par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse:“Oh! Pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François?”…
Non, merci! Calculer, avoir peur, etre bleme,
Aimer mieux faire une visite qu’un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter?
Non, merci! non, merci! non, merci! Mais… chanter,
Rever, rire, passer, etre seul, etre libre,
Avoir l’oeil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plait, son feutre de travers,
Pour un OUI, pour un NON, se battre, ou – faire un
vers!
Les dernières pièces de Rostand.
Plus tard Edmond
Rostand a créé d’autres pièces, mais malgré sa
maitrise de la langue, des beaux rimes elles n’ont pas eu le meme succès
qu’a connu “Cyrano De Bergerac”. Romain Rolland écrivait:“La gloire est
la fortune l’ont éloigné de la vie. Il ne l’écoute et ne la voit plus.” Dans
“L’Aiglon” Rostand idéalise le fils peu connu de Napoléon, qui
couronné en 1815 n’a jamais dirigé le pays, Edmond, au-contraire
lui donne les traits d’un empereur idéal. Dans “Chantecler”, plus que
dans d’autres pièces, on aperçoit le talent satirique de Rostand.
La première de “Chantecler” a eu lieu en février 1910, mais
malgré la fantaisie du décorateur, le talent du
metteur-en-scène, la pièce n’a pas eu un tel succès que
les précédentes oeuvres d’Edmond.
Les derniers jours
du poète.
Le 1
décemdre 1918 Rostand a pris froid, la fièvre grimpe et
s’installe à 39°. La grippe espagnole s’empare de lui. Son état
de santé est très inquiétant, on le met au courant du
danger, Edmond sourit et entre en coma. Le 3 décembre dans
l’après-midi son coeur s’arreta de battre…
A son age les plus
grands écrivains comme Voltaire, Goethe, Tolstoi n’ont pas encore
accompli la moitié de leurs taches, seul Dieu sait, quelles oeuvres
extraordinaires aurait pues nous laisser Rostand, si le Ciel lui avait
accordé plus de temps.